« La nature, cela n’existe pas ». C’est avec ces mots de l’anthropologue Philippe Descola que je pourrais au mieux qualifier ce travail dans lequel je tente de montrer une distance inventée entre la nature et nous. Incluses dans la matière même, traits d’union entre le visible et l’invisible, ces figures expriment ainsi toute l’histoire complexe de notre rapport au monde.
Ici, chaque personnage est vu comme une sorte d’esprit ou d’âme errante, se présentant à nous par le biais d’une relation nature/culture, variable selon la gangue organique qui l’emprisonne.
On pourrait presque croire à une représentation d’un jugement dernier sur fond d’images donnant à voir des paysages en noir et blanc, comme autant de constats accablants d’une nature inquiète, abimée et souillée par l’intervention humaine.
Tous les portraits présentés dans cette exposition ont été réalisés de manière mécanique par insolation naturelle et par contact entre un support transparent (négatif ou positif) et un papier classique monté sur châssis.
Suivant la nature du procédé de sensibilisation, le temps d’exposition a varié de quelques heures à plusieurs semaines avec un indice UV moyen estimé à 8/10. Ce travail présente donc plusieurs types de réactions différentes au rayonnement solaire : avec des jus de plantes (Anthotypes) ; avec des encres naturelles ou du stylo bille ; en utilisant les pages d’un vieil ouvrage de botanique de H. Coupin dont le papier brut m’a permis d’obtenir des images en filigrane à partir de procédé issu de la cyanotypie.
Les paysages, quant à eux, relèvent de la photographie argentique traditionnelle et ont été obtenus par de très fortes surexpositions. Une fois scannées, ces images ont été agrandies et tirées avec des encres pigmentaires sur papier Canson satiné.
Galerie Trait d’Union, rue de Gascogne 32490 Monferran-Savès
Galerie ouverte sur rendez-vous au 06 75 79 82 27